dimarts, 21 d’octubre del 2008

5. La vie dans une caserne de Clermont-Ferrand

Le Centre d'hébergement des réfugiés espagnols de Clermont-Ferrand fut ouvert en 1937 à la caserne Gribeauval, désaffectée à la suite du désarmement consécutif à la Première Guerre Mondiale. Il se trouvait à l'avenue Carnot, une artère très passante. A l'entrée, il y avait un portail en fer avec deux petits édifices de contrôle de chaque côté. Les réfugiés, à l'intérieur de limites horaires, avaient toute liberté pour sortir de l'enceinte. A la tête du centre, il y avait un directeur qui était français. Le bâtiment principal de la caserne servit de logement. C'étaient de grandes salles avec des lits, une pour les garçons et les hommes âgés qui étaient seuls, et une autre pour femmes et enfants et pour couples âgés. Outre ces salles communes, il y avait quelques petites chambres occupées seulement par une famille.

Hébergement : "C'était une salle plus grande que la salle-à-manger, plus grande oh oui ! et il y avait 30 ou 40 lits, c'est ce qu'il y avait, avec une là-bas, des jeunes-filles et des femmes et les garçons étaient à part, avec un autre endroit comme là mais à part, et les vieux et les femmes dormaient ensemble, d'Alos ils dormaient ensemble." (Mercè Comenge Fortet, janvier 2008)

Hébergement : "Il y avait des chambres individuelles, nous on y dormait, ma mère et moi on y dormait, et ma tante, tous dans la même chambre. Après il y avait des chambres un petit peu plus grandes qui étaient avec des grands lits, enfin avec des lits ou... plus grands et que peut-être il y en avait bien dix ou douze ou quelque chose comme ça. Pour nous, nous avions une petite chambre... enfin, pas petite non plus, mais bon, elle était pas très grande, non." (Angel Marqués Perot, mai 2008)

La cuisine était grande et était située dans un bâtiment différent de celui où étaient les dortoirs. A côté, il y avait une réserve pour la nourriture qui était sous la responsabilité de Maria Gausiach d'Esil, elle était bien agencée et avait des étagères garnies de denrées. A notre connaissance, ont travaillé à la cuisine Remedios Cerdà Opistan de Tavascan, Marcel.lina Llorens Teig d'Alos et Camila Perot d'Estaon. De bon matin était servi un petit déjeuner avec du café au lait qui était distribué dans des pots en métal, ensuite le déjeuner et le dîner étaient servis dans un grand réfectoire. Pour goûter, on distribuait une tranche de pain avec du chocolat. Le souvenir qu'en ont gardé les informateurs, en ce qui concerne la nourriture, est qu'elle était abondante et bien préparée. Plusieurs jeunes-filles servaient le repas à table et se chargeaient de ramasser les assiettes à la fin. Parmi les jeunes-filles qui accomplissaient cette tâche, il y avait Mercè Comenge Fortet, de València d'Aneu, Rosa Llorens Teig, d'Alos et Teresa Larriba Cerdà de Tavascan.

Garde-manger : "Le garde-manger se trouvait dans le même bâtiment mais près de la cuisine, mais au rez-de-chaussée hein. Oui, là il y avait des étagères avec du chocolat, des boîtes de lait, de confiture et de tout, hein !" (Angel Marqués Perot, mai 2008)

Cuisine et garde-manger : "Elle [Camil.la Perot], elle était chargée de la cuisine, elle faisait tout le manger. Et alors Torreta de Gil, celle-là était au garde-manger. Comme Torreta d'Isil savait parler le français et ma mère aussi, comme çà elles se comprenaient avec les chefs." (Angel Marqués Perot, mai 2008)

Manger : "J'avais vu des fois y mettre des biftecks ou de taureau comme on doit dire, ou de boeuf, de gros biftecks là-bas dans cette poîle à frire et on ne manquait de rien, nous, non." (Angel Marqués Perot, mai 2008

A l'intérieur et à l'extérieur du centre
Beaucoup parmi les femmes qui étaient réfugiées au centre réalisaient des tâches quotidiennes telles que nettoyer les dortoirs, aider à la cuisine ou distribuer la nourriture. Ce travail n'était pas rémunéré. Les cuisinières, cependant, percevaient un petit salaire pour leur travail. Les travaux rémunérés étaient exécutés par des personnes sachant parler le français. Il y avait aussi des réfugiées qui faisaient de la couture ou du tricot dans le centre. Une femme de Clermont-Ferrand leur confiait la confection de dentelles et leur payait le travail. Amparo Marsan Ordi, de chez Paredé de Son, participa à ce travail. Quelques femmes travaillèrent à l'extérieur, comme Mercè Comenge qui, pendant un certain temps, sortait de la caserne tous les jours pour aller travailler dans une maison des environs de la ville. Le fait de disposer d'un petit salaire permettait d'aller acheter, dans les grands magasins Prisunic, des articles tels que du papier à lettre, des timbres, de la laine pour faire quelque tricot, ou même de visiter le studio d'un photographe et d'aller au bal.

Couture : "C'était une dame qui allait là-bas qui était celle qui leur donnait du travail [...], c'était celle qui leur disait par exemple : faites-moi ces chaussettes, faites-moi un tricot, faites-moi ceci, faites-moi cela et elle les remportait et elle leur donnait des sous ou elles gagnaient quelque chose là-bas. Ça leur servait pour les menues dépenses." (Josep Rosell Marsan, novembre 2007)

Travail domestique : "Moi je suis allée travailler dans une maison, ils ont dit que celui qui voudrait travailler qu'il le fasse, on me transportait tous les jours en voiture, tous les jours le soir et le matin on venait me chercher." (Mercè Comenge Fortet, janvier 2008)

Au Prisunic : "On sortait au-dehors, non ? On a fait une photo là-bas avec un photographe mais au-dehors et moi encore je m'en souviens que ma mère savait tricoter et elle est allée là-bas au Prisunic et elle a acheté de la laine. J'étais tellement content avec un pull long avec une fermeture éclair qu'il avait, j'étais couvert jusque là, ah! ce que j'étais content, j'étais chic alors avec ce pull ! [...] le Prisunic, des grands magazins. Il était assez grand, il y avait des étages, deux ou trois étages, il y avait de tout là !" (Angel Marqués Perot, mai 2008)

Au bal : "Après il y avait deux garçons qui nous accompagnaient au bal aussi. (...) Ils étaient espagnols, ils étaient de famille espagnole (...) et ils nous emmenaient à un bal et il y avait beaucoup de couples et ils dansaient et quand nous étions servis, avant que ce soit l'heure, allez..." (Mercè Comenge Fortet, janvier 2008)

Avec l'arrivée des réfugiés provenant de l'exode du mois de février 1939, on interdit l'accès depuis l'extérieur et on limite au maximum les sorties du centre. Angel Marqués, qui avait suivi les cours d'une école française proche de Gribeauval, devra cesser d'y aller. Il suivra alors les cours qu'une milicienne ainsi que d'autres meîtres d'école, dispensaient au milieu de la cour de la caserne. Les conditions de vie dans la caserne se dégradèrent assurément avec l'augmentation du nombre de personnes accueillies. De toutes façons, ces conditions à la caserne Gribeauval et en général dans les différents centres d'accueil qui existaient dans beaucoup de départements français sont loin d'être aussi déplorables que celles des camps de concentration de 1939. A l'hôpital de Clermont-Ferrand, l'Hôtel-Dieu, les réfugiés aussi y furent admis chaque fois que cela fut nécessaire et toujours bien traités.

Ecole dans la cour : " Je me rappelle qu'il y avait une jeune-fille, une jeune-fille qui devait avoir une trentaine d'années, elle était milicienne (...), au début quand nous étions seuls, enfin quand nous étions seulement ceux d'ici, je te dis ceux de la vallée d'Aneu et là, des enfants de mon âge il y en avait pas beaucoup, alors on m'emmenait dans une école française et quand est arrivée toute la débandade, alors... bon quand ils se sont tous regroupés là-bas, alors ils nous faisaient... dans une cour, ils nous faisaient la classe en espagnol, les maîtres d'école." (Angel Marqué Perot, mai 2008)

A l'Hôpital : "Oui, le médecin faisait des visites (...) je ne le comprenais pas mais ils se faisaient comprendre, je ne sais comment dire il mettait un peu comme nous de ça là. Il y avait un garçon espagnol qui était là-bas depuis beaucoup d'années, il venait me voir parce qu'il paraît que c'était un prétendant mais il venait me voir et lui, il disait aux medecins comment j'allais, oui, oui." (Mercè Comenge Fortet, janvier 2008)