dimecres, 22 d’octubre del 2008

3- L’exil entre avril et mai 1938

Après les premiers jours d’avril, avec l’arrivée de nombreux groupes d’exilés, le calme [va revenir] est revenu brièvement dans les Vallées du Salat et d’Ustou. Les troupes franquistes avaient occupé la route principale, tant dans le Val d’Aneu que dans le Val d’Aran et étaient arrivées à la frontière à Lés, mais par contre ils ne contrôlaient pas encore de larges zones du Haut Aran. De nouveau, les brèves notes des journaux et hebdomadaires de l’Ariège nous renseignent sur la situation qui régnait dans le Pallars, avec quelques zones occupées par les rebelles, d’autres en réorganisation républicaine et des zones qui n’étaient occupées par personne, comme les rives d’Alos et de Montgarri. A la fin d’avril et les premiers jours de mai 1938, de nouveaux groupes de réfugiés arrivent. Les gendarmes et le journaliste constatent que, malgré l’occupation franquiste, il y avait un mouvement répété de réfugiés qui continuaient d’arriver. Ce fait intéressa le journaliste de la Dépêche, car ils arrivaient souvent de zones déjà occupées et il voulait savoir si les actes d’atrocités racontés par les premiers réfugiés, ceux qui avaient fui avant l’arrivée des troupes franquistes, s’étaient bien produits. Le mouvement répété d’exils montrait que l’occupation militaire fasciste n’avait pas le contrôle total du territoire.


“Au moment de l’occupation par les nationalistes de la vallée du Noguera-Pallaresa et du Val d’Aran, nous avons assisté au passage en masse a Saint-Girons de centaines d’enfants, femmes, vieillards et miliciens, qui fuyaient devant l’horreur des combats. Depuis huit jours, nous avons assisté à l’exode d’autres réfugiés, qui eux fuient ce qu’ils appellent les atrocités des armées de Franco. Ce sont pour la plupart des jeunes, qui, et ils l’avouent eux-mêmes, de cachaient en attendant le retour des forces républicaines. Ces dernières ne revenant pas vite et les brigades navarraises d’épurant on étant sur les lieux, les antifascistes s’enfuient. Parmi ces réfugiés, il y a quelques viellards ; ce sont des « concejales » ou des « alcaldes » du régime républicain, et l’on comprend très bien que ces braves gens n’attendent pas, pour passer leurs pouvoirs aux nouvelles autorités franquistes. La terreur règne dans toute cette contrée ; aux horreurs de la guerre civile, s’ajoute la tragédie des dénonciations et des vengeances personnelles" (Le réveil Saint-Gironnais, 05/05/1938)

“Dans l’après-midi du 30 avril, 18 réfugiés des environs de la frontière espagnole sont arribés à Seix. Il y avait là des hommes, des femmes et des engants. Parmi eux se trouvaient deux manœuvres de nationalité portugaise, nommés F- Domingo i F. Montalbe [Il se réfère à Domingo Fernandes et Francisco Gonsalves]
Questionnés, le premier, qui parle bien le dialecte du voisinage de notre frontière, a répondu comme suit aux questions posées : « J’étais à Rives, près d’Esterri depuis cinq ans où je suis marié et père de deux enfants. J’ai laissé ma famille pour chercher du travail, car là-bas il n’y a plus rien, ni pain, ni vin, ni habits. L’armée nationaliste occupe la région depuis une vingtaine de jours. Il y a, à Esterri, quatre ou cinq mille hommes : Italiens, Allemands, Espagnols et Maures, sous les ordres d’un commandant. On nous obligés à travailler pour eux gratis. Personnellement, j’ai été occupé au val d’Aran au ramassage des armes et des munitions abandonnées. Les réfractaires étaient seulement menacés du pistolet ». Nous lui demandons s’il y a eu des combats dans la haute vallée de la Noguera et s’il y a eu des atrocités commises par les Maures sur les femmes en particulier. Notre interlocuteur nous répond : « Il n’y a eu aucun combat dans la région d’Esterri, pour la bonne raison que les républicains espagnols n’ont opposé dans cette région aucune résistance. Je n’ai pas entendu parler de sévices sur les personnes ; en particulier, je n’ai pas entendu dire que des jeunes femmes aient subi des violences, comme cela ce serait produit ailleurs ». Notre interlocuteur ajoute qu’aucune route n’est entreprise dans le voisinage de notre frontière en amont du village d’Alous et qu’il n’a rencontré aucun service de contrôle d’Alous à notre col de Salau" (La Dépêche, 01 i 02/05/1938) [Ces deux réfugiés faisaient partie d’un groupe de mineurs portugais qui travaillaient depuis plusieurs années sur les chantiers de la route d’Esterri à Alos. Malgré leurs affirmations un mineur portugais avait déjà été assassiné le 17 avril 1938]

“Dans l’après-midi de mercredi [04/05/1938], vingt-trois réfugiés, hommes, femmes et enfants sont arrivés à Seix, venant de Couflens. Ils avaient pénétré en France par le col de Salau. Tous ces étrangers, sont originaires des localités du voisinage de notre frontière : Esterri et Alous. Questionnés sur les motifs réels de leur exode tous sont unanimes a reconnaître que la vie est devenue extrêmement difficile dans la péninsule Ibérique depuis quelques mois : « Tout, nous dit l’un d’eux, est réquisitionné pour l’armée. Il n’est plus possible de trouver le nécessaire pour vivre et s’habiller. Dans la haute vallée de la Noguera, la vie-est devenue impossible ». Un autre ajoute : « Je suis d’Esterri où depuis l’arrivée des soldats de Franco, on est surveillé comme des malfaiteurs. De plus, les poules et les lapins disparaissent pendant la nuit. Il va de soi, qu’à tort ou à raison on accuse les soldats »” (La Dépêche, 06/05/1938)